1- Les films d'espionnage
Après avoir vu la propagande et la dénonciation de la course aux armements
dans les films, nous allons à présent évoquer une évolution importante en
matière de positionnement des cinéastes américains ou britanniques, qui
semblent désormais amener leurs spectateurs à davantage d’objectivité. Nous
n’aborderons pas le cinéma soviétique sous cet angle puisque les artistes de ce
pays restaient trop contrôlés pour présenter des œuvres moins orientées en
faveur de la politique d’Etat.
L’espionnage est un élément important de la guerre froide qui s'est amplifié dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, le 20 septembre 1945, le président Harry Truman met fin à l’activité de l’OSS (Office of Strategic Services) alors que « la direction de l’OSS prévoyait la détérioration des relations américano-soviétiques et se préparait à intensifier ses activités d’espionnage à l’est». Cependant les services secrets français étaient arrivés à la même conclusion et dès la fin de la guerre réorganisèrent leurs services en utilisant l’Allemagne pour surveiller l’URSS. En Autriche, au camp de réfugiés d’Innsbruck, les services français recrutaient des agents pour mener des actions de propagande. Ce n’est qu’en juillet 1947 que les États-Unis décidèrent de créer la CIA, dotée de 2 812 agents et d’un budget de 84 millions de dollars.
Désormais, il est dit que la guerre se gagnera par les services secrets. De nombreux films parlent d’espionnage : Ipcress, danger immédiat, l’Espion qui m’aimait, Un Espion de trop, l’Espion qui venait du froid et d’autres films comme le Troisième Homme, A la poursuite d'Octobre Rouge et l'Étoffe des héros qui abordent le sujet de l'espionnage.
L’espionnage est un élément important de la guerre froide qui s'est amplifié dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, le 20 septembre 1945, le président Harry Truman met fin à l’activité de l’OSS (Office of Strategic Services) alors que « la direction de l’OSS prévoyait la détérioration des relations américano-soviétiques et se préparait à intensifier ses activités d’espionnage à l’est». Cependant les services secrets français étaient arrivés à la même conclusion et dès la fin de la guerre réorganisèrent leurs services en utilisant l’Allemagne pour surveiller l’URSS. En Autriche, au camp de réfugiés d’Innsbruck, les services français recrutaient des agents pour mener des actions de propagande. Ce n’est qu’en juillet 1947 que les États-Unis décidèrent de créer la CIA, dotée de 2 812 agents et d’un budget de 84 millions de dollars.
Désormais, il est dit que la guerre se gagnera par les services secrets. De nombreux films parlent d’espionnage : Ipcress, danger immédiat, l’Espion qui m’aimait, Un Espion de trop, l’Espion qui venait du froid et d’autres films comme le Troisième Homme, A la poursuite d'Octobre Rouge et l'Étoffe des héros qui abordent le sujet de l'espionnage.
À l’issue d’une période de propagande d’environ 20 ans, l’État devient
moins interventionniste vis-à-vis des cinéastes. En effet, le cinéma mène une
réelle réflexion vis-à-vis des évènements existant, et ne véhicule plus la position
idéologique de l’État. Notamment après la guerre du Vietnam où le public évolue
et devient alors plus critique. On peut même penser que l’avis de la population est transmis dans certains films comme L’Espion qui m’aimait, réalisé en 1977 par Lewis Gilbert. James Bond y incarne un héros de la guerre froide anti-communiste qui s’allie aux Soviétiques pour accomplir une mission destinée à éviter la fin du monde. Cependant Soviétiques, Américains et Britanniques ont un ennemi commun et s’allient afin de lutter contre ce dernier. On peut y voir le reflet d’une lassitude quant à la vision simpliste des gentils capitalistes contre les méchants soviétiques, et peut-être une envie de paix de la population.
Le film raconte la disparition mystérieuse de sous-marins
nucléaires soviétiques et anglais. Anglais et Soviétiques ont donc un ennemi
commun et s'allient pour le combattre. En effet le « méchant » Karl
Stromberg, interprété par Curd Jürgens, veut détruire New York et Moscou
avec une bombe nucléaire pour monter les deux blocs politiques l’un contre
l’autre. Le film raconte la lutte de l'espion James Bond contre Karl
Stromberg, mégalomane qui a pour seul but de devenir le maître du monde. James
Bond fait équipe avec une belle espionne soviétique Anya Amasova (Barbara
Bach). Leurs aventures sont tour à tour violentes ou plus intimes.
On a donc là un pacte pour la paix entre les Anglais et les Soviétiques, représentée par l'alliance entre les deux espions. Les Américains et les Soviétiques se sont déjà unis pour lutter contre leur ennemi commun : l'Allemagne nazie. Un espion Anglais qui aime une espionne Soviétique, est le symbole de la détente.
James Bond : « Je voudrais faire une affaire avec vous»
Anya Amasova : « Vous permettez-moi aussi. » (33min45).
Politicien Anglais : « Nous sommes rentrées dans une nouvelle ère Anglo-soviétique. » (56min.)
Ce film a eu le succès habituel de la franchise 'James Bond'. En effet, il reflète les préoccupations de l'époque comme la crainte du nucléaire. Mais son succès est aussi due à son aspect spectaculaire, notamment grâce à l'acteur Richard Kiel qui incarne Requin, un des sbires de Karl Stromberg. Requin est un géant de deux mètres muni d'une mâchoire d'acier.
On a donc là un pacte pour la paix entre les Anglais et les Soviétiques, représentée par l'alliance entre les deux espions. Les Américains et les Soviétiques se sont déjà unis pour lutter contre leur ennemi commun : l'Allemagne nazie. Un espion Anglais qui aime une espionne Soviétique, est le symbole de la détente.
James Bond : « Je voudrais faire une affaire avec vous»
Anya Amasova : « Vous permettez-moi aussi. » (33min45).
Politicien Anglais : « Nous sommes rentrées dans une nouvelle ère Anglo-soviétique. » (56min.)
Ce film a eu le succès habituel de la franchise 'James Bond'. En effet, il reflète les préoccupations de l'époque comme la crainte du nucléaire. Mais son succès est aussi due à son aspect spectaculaire, notamment grâce à l'acteur Richard Kiel qui incarne Requin, un des sbires de Karl Stromberg. Requin est un géant de deux mètres muni d'une mâchoire d'acier.
Les films d’espionnage ont eu un impact très fort. Le réalisme de
ceux-ci pousse le spectateur à s'interroger sur les institutions existantes
(gouvernement, services secrets, militaires, etc.) et par cela à remettre en
question les fondements même de la société. Comme on a pu le voir dans L’espion
qui m’aimait, mais aussi dans L’espion qui venait du froid que
nous allons étudier puis Ipcress : danger immédiat. De
nombreuses affaires d'espionnage publiées dans des romans donnèrent des
scénarios aux réalisateurs de films.
Dans The Spy Who Came in from the Cold (L'Espion qui venait du froid) réalisé par Martin Ritt
en 1965, Alec Leamas est un espion britannique envoyé à Berlin Est pendant la
guerre froide. Son objectif est de compromettre un membre important du parti
communiste. Au cours de sa mission il réalise qu’il a été manipulé par les
services britanniques pour protéger la couverture d’un espion allemand à la
solde des britanniques. Berlin, la capitale de l'Allemagne est située en
« zone soviétique » et est divisée en 4 zones d'occupation -Américains,
Britanniques, Français et Soviétiques. En 1948 Staline décida de faire un
blocus, empêchant les occidentaux de pénétrer dans Berlin pour le
ravitaillement de la population de Berlin Ouest. Les États-Unis décidèrent
alors de faire un pont aérien : un avion passait tous les 45 secondes environ,
durant 11 mois. Ce fut une crise politique majeure, en effet Staline
cherchait à obtenir le contrôle total de Berlin.
La solution diplomatique trouvée fut la division de l'Allemagne en deux : la RFA (République Fédérale allemande) et la RDA (République Démocratique allemande), les allemands de l'Est cherchèrent à se sauver à l'Ouest. Cette séparation fut symbolisé par "le rideau de fer", expression instauré par Winston Churchill dans son discours du 5 Mars 1946. Cette frontière symbolique est d'autant plus visible à Berlin avec la construction de mur de Berlin en 1961. Le « mur » c’est 166 kilomètres de clôtures électriques, patrouilles, projecteurs et pièges de véhicules, une centaine de citoyens est-berlinois qui ont été tués en essayant de fuir leur misère.
Le film est une adaptation du livre L'espion qui venait du froid, écrit en 1963. John LeCarré, l'auteur, est un ancien espion britannique du MI6. L’intrigue qu’il met en scène montre qu’à l’Est ou à l’Ouest, les dirigeants usent et abusent d’intrigues, de complots et de manipulations. Ils n’hésitent pas à sacrifier leurs propres hommes au service de leurs causes, au même titre que sur un champ de bataille. L’auteur, en tant qu’ancien espion, donne du crédit à son histoire comme un témoignage réaliste. Réalité brutale et dérangeante, il n’y a pas de champs de bataille où les soldats sont sacrifiés mais les espions et les civils remplacent la chair à canon sans état d’âmes. Les deux partis veulent en savoir plus sur l’un et l’autre tout en conservant précieusement leurs propres secrets allant jusqu'à éliminer le civil ou l’espion qu’on juge trop informé. La fin du film est particulièrement touchante quand Liz (Claire Bloom) s’apprête à franchir le mur pour se rendre du côté Ouest du mur avant d’être froidement abattue par l’homme qui leur a montré la sortie.
La solution diplomatique trouvée fut la division de l'Allemagne en deux : la RFA (République Fédérale allemande) et la RDA (République Démocratique allemande), les allemands de l'Est cherchèrent à se sauver à l'Ouest. Cette séparation fut symbolisé par "le rideau de fer", expression instauré par Winston Churchill dans son discours du 5 Mars 1946. Cette frontière symbolique est d'autant plus visible à Berlin avec la construction de mur de Berlin en 1961. Le « mur » c’est 166 kilomètres de clôtures électriques, patrouilles, projecteurs et pièges de véhicules, une centaine de citoyens est-berlinois qui ont été tués en essayant de fuir leur misère.
Le film est une adaptation du livre L'espion qui venait du froid, écrit en 1963. John LeCarré, l'auteur, est un ancien espion britannique du MI6. L’intrigue qu’il met en scène montre qu’à l’Est ou à l’Ouest, les dirigeants usent et abusent d’intrigues, de complots et de manipulations. Ils n’hésitent pas à sacrifier leurs propres hommes au service de leurs causes, au même titre que sur un champ de bataille. L’auteur, en tant qu’ancien espion, donne du crédit à son histoire comme un témoignage réaliste. Réalité brutale et dérangeante, il n’y a pas de champs de bataille où les soldats sont sacrifiés mais les espions et les civils remplacent la chair à canon sans état d’âmes. Les deux partis veulent en savoir plus sur l’un et l’autre tout en conservant précieusement leurs propres secrets allant jusqu'à éliminer le civil ou l’espion qu’on juge trop informé. La fin du film est particulièrement touchante quand Liz (Claire Bloom) s’apprête à franchir le mur pour se rendre du côté Ouest du mur avant d’être froidement abattue par l’homme qui leur a montré la sortie.
C’est aussi ce que nous remarquons
dans le film Docteur Strangelove or How I Learned To Stop Worrying And Love The Bomb (Docteur Folamour : ou
comment j'ai appris à ne plus m'en faire et aimer la bombe). Ce film est une
caricature, l’État y est critiqué au travers des militaires, qui sont
représentés comme des individus dans lesquels on ne peut pas avoir confiance.
Même dans l'affiche du film, le président de l'URSS est caricaturé : alcool et
femme alors que le président des USA fait plus sérieux.
Ce film, réalisé par Stanley Kubrick en 1964 donne comme perspective que les Américains attaquent en premier. Cette attaque relève de l’initiative d’un de leurs généraux. Frappé de folie paranoïaque, il envoie des avions porteurs de missiles nucléaires sur l’URSS. On peut donc dire qu’il ne s’agit pas d’une agression volontaire. C'est pourquoi, le gouvernement essaie de rattraper la situation et va jusqu’à montrer aux Soviétiques comment détruire les avions et leurs positions. Toutefois, il est vrai qu’un autre gradé de l’armée des Etats-Unis propose de poursuivre dans la voie de l’agression car il pense pouvoir gagner cette bataille.
Ainsi dans ce film, la faute repose sur les militaires américains, c'est donc eux que l'on doit craindre. D'autre part, ce film présente aussi une caricature des politiciens. Par exemple, le dirigeant de l’URSS est ivre et vient de passer la nuit en charmante compagnie. Cette oeuvre dénonce l'incompétence des dirigeants politiques. Dans ce film l'utilisation de l'arme nucléaire est fortement critiquée, par exemple le commandant de bord va dire lorsqu’il reçoit la confirmation d’attaquer l’URSS « Et bien mes enfants, ce coup si, ça y est, les dés sont jetés, c’est le corps à corps atomique avec les Russes. » (9min30). Sur le coup le militaire américain n’y croyait pas mais était persuadé que les Soviétiques avait attaqué en premier pour recevoir un tel ordre. On peut donc en déduire que dans leur esprit il était impossible que les Américains attaquent en premier.
Ce film suggère donc qu’il est préférable d’avoir une certaine méfiance vis-à-vis des politiciens et militaires, il ne faut pas avoir une confiance aveugle envers eux. Cependant, on peut imaginer que la crainte de représailles a amené le cinéaste à exprimer sa critique du pouvoir soviétique par le biais du général fou qui serait par conséquent excusable en raison de sa folie. Son discours à ses troupes sur la base se présente ainsi : « Les communistes n’ont aucun respect de la vie humaine, pas même de la leur. C’est pour ça que je tiens à vous faire comprendre la nécessité d’une extrême vigilance. Les ennemis peuvent venir un à un ou ils peuvent venir en force. Ils peuvent même prendre l’uniforme de notre armée. […] » (14min). Plus loin il va jusqu’à dire qu’il est « résolu à ne pas accepter l’infiltration communiste, la propagande communiste, la subversion communiste, l’intoxication et le complot communiste […] » (22min35). La répétition du mot communiste montre que ce personnage est prêt à tout pour éradiquer cette menace quitte à commettre l'irréparable en utilisant la bombe nucléaire.
À la fin du film, on peut remarquer que la menace d’attaque par les Soviétiques reste envisagée : « Supposez que les Russes aient planté quelques bombes [...] », alors que les Américains sont présentés comme pacifiques. En effet le président répond à son général « Général, la politique déclarée des États-Unis est de ne pas frapper les premiers ». Les Américains veulent être vu comme les victimes et non pas comme les agresseurs.
Ce film caricature de la même manière les deux pays. Cependant, les deux nations se sont alliées afin d'éviter une guerre nucléaire, malgré leurs efforts, ils échouent. Il aura suffit d'un fou pour anéantir l'Humanité. Le danger vient-il de la bombe nucléaire en elle-même ou de ceux qui la détiennent ?
Extrait du film, vidéo du dialogue entre le président Américain et le président Soviétique après la décision du Général américain fou :
Ce film, réalisé par Stanley Kubrick en 1964 donne comme perspective que les Américains attaquent en premier. Cette attaque relève de l’initiative d’un de leurs généraux. Frappé de folie paranoïaque, il envoie des avions porteurs de missiles nucléaires sur l’URSS. On peut donc dire qu’il ne s’agit pas d’une agression volontaire. C'est pourquoi, le gouvernement essaie de rattraper la situation et va jusqu’à montrer aux Soviétiques comment détruire les avions et leurs positions. Toutefois, il est vrai qu’un autre gradé de l’armée des Etats-Unis propose de poursuivre dans la voie de l’agression car il pense pouvoir gagner cette bataille.
Ainsi dans ce film, la faute repose sur les militaires américains, c'est donc eux que l'on doit craindre. D'autre part, ce film présente aussi une caricature des politiciens. Par exemple, le dirigeant de l’URSS est ivre et vient de passer la nuit en charmante compagnie. Cette oeuvre dénonce l'incompétence des dirigeants politiques. Dans ce film l'utilisation de l'arme nucléaire est fortement critiquée, par exemple le commandant de bord va dire lorsqu’il reçoit la confirmation d’attaquer l’URSS « Et bien mes enfants, ce coup si, ça y est, les dés sont jetés, c’est le corps à corps atomique avec les Russes. » (9min30). Sur le coup le militaire américain n’y croyait pas mais était persuadé que les Soviétiques avait attaqué en premier pour recevoir un tel ordre. On peut donc en déduire que dans leur esprit il était impossible que les Américains attaquent en premier.
Ce film suggère donc qu’il est préférable d’avoir une certaine méfiance vis-à-vis des politiciens et militaires, il ne faut pas avoir une confiance aveugle envers eux. Cependant, on peut imaginer que la crainte de représailles a amené le cinéaste à exprimer sa critique du pouvoir soviétique par le biais du général fou qui serait par conséquent excusable en raison de sa folie. Son discours à ses troupes sur la base se présente ainsi : « Les communistes n’ont aucun respect de la vie humaine, pas même de la leur. C’est pour ça que je tiens à vous faire comprendre la nécessité d’une extrême vigilance. Les ennemis peuvent venir un à un ou ils peuvent venir en force. Ils peuvent même prendre l’uniforme de notre armée. […] » (14min). Plus loin il va jusqu’à dire qu’il est « résolu à ne pas accepter l’infiltration communiste, la propagande communiste, la subversion communiste, l’intoxication et le complot communiste […] » (22min35). La répétition du mot communiste montre que ce personnage est prêt à tout pour éradiquer cette menace quitte à commettre l'irréparable en utilisant la bombe nucléaire.
À la fin du film, on peut remarquer que la menace d’attaque par les Soviétiques reste envisagée : « Supposez que les Russes aient planté quelques bombes [...] », alors que les Américains sont présentés comme pacifiques. En effet le président répond à son général « Général, la politique déclarée des États-Unis est de ne pas frapper les premiers ». Les Américains veulent être vu comme les victimes et non pas comme les agresseurs.
Ce film caricature de la même manière les deux pays. Cependant, les deux nations se sont alliées afin d'éviter une guerre nucléaire, malgré leurs efforts, ils échouent. Il aura suffit d'un fou pour anéantir l'Humanité. Le danger vient-il de la bombe nucléaire en elle-même ou de ceux qui la détiennent ?
Extrait du film, vidéo du dialogue entre le président Américain et le président Soviétique après la décision du Général américain fou :
La guerre froide entretient aussi une atmosphère de méfiance entre citoyens, entre peuples, entre membres des services secrets. Ainsi dans Ipcress, danger immédiat réalisé en 1965 par Sydney J. Furie, la confiance entre américains et anglais est mise à mal.
Lorsqu’un scientifique britannique se fait enlever, Harry Palmer, interprété par Michael Caine est envoyé pour enquêter sur cette disparition. Alors qu’il n’avait quasiment jamais accompli de mission importante, ses investigations vont l'emmener au bout du mystère, mais après de grosses difficultés : il en sait trop et est lui-même enlevé ; il doit subir un interrogatoire utilisant des méthodes hypnotiques. Il est manipulé à la fois par les américains et par son service anglais.
L’histoire se déroule en plein Maccarthysme, on observe de ce fait une certaine méfiance des Américains face à Harry, espion anglais. Cette défiance se traduit par la mise en place d’une surveillance de Harry par les services secrets américains. Pour autant, à la fin, on découvre que c’est en fait un des deux supérieurs hiérarchiques de Harry qui a trahi la nation et travaille pour l’URSS. On notera la note ironique, ce sont les Soviétiques bien entendu qui ont enlevé le scientifique. Ainsi ce film dégage une certaine méfiance vis à vis de tout le monde : n’importe qui peut travailler pour l’URSS. Dans ce film, même les Américains n’ont pas confiance en leurs alliés, les Britanniques. À l'époque on avait découvert que des gens ayant de très hauts postes dans l'administration anglaise étaient en réalité des espions (voir les 4 d'Oxford). Ce film dénonce l'omniprésence du danger et incite à la méfiance envers tous les gouvernements.
2- Les films peuvent montrer la réalité
Dans d’autres œuvres cinématographiques, comme L’Etoffe des héros, ou bien À la poursuite d’Octobre Rouge, sont présentés des faits réels ou du moins des interprétations fidèles de ces derniers. Ces films évoquent eux aussi une remise en question et une méfiance de la population vis-à-vis des politiciens et des militaires. En effet comme nous avons pu le voir dans Ipcress : Danger immédiat, l’histoire se déroule en plein Maccarthysme.
The Right Stuff (L’Etoffe des héros) parle de la course à l’espace entre les Américains et les Soviétiques. Il
ne s’agit pas d’une prophétie car ce film a été tourné en 1983 par Philip Kaufman,
c’est à dire après la course à l’espace entre les Américains et les Soviétiques
entre 1957 et 1975.Cependant, le film rend bien compte de l'atmosphère à l'époque de la conquête de l'espace, qui n'était qu'une lutte de plus pour l'hégémonie, la domination d'une partie. On discerne en effet une certaine méfiance vis-à-vis des Soviétiques. Au début du film lorsqu’un pilote vient d’atteindre la vitesse du son, un journaliste s’apprête à diffuser la nouvelle avant qu'un Major l’arrête : « L’autorité ne veut peut être pas que les Russes le sachent. » Le journaliste répond alors « Mais les russes sont nos amis… ». Le Major laisse cette phrase sans réponse ce qui permet de douter (22 min 55). De plus lors d’une réunion importante alors que les soviétiques viennent de lancer un homme dans l’espace, un des dirigeants déclare « Pour dominer le monde il faut dominer l’espace, on dominait l’air, maintenant les communistes viennent de mettre pied dans l’espace. Bientôt ils auront des plateformes pour nous lancer des bombes nucléaires. » (43min.)
Les craintes de tomber sous le joug communiste sont aussi évoquées : un peu plus loin le même dirigeant va dire « Je n’ai pas l’intention de m’endormir sous une lune communiste. » (44min30). A 2h07 du film, le célèbre incident de la baie des cochons est mentionné de la manière suivante : le premier ministre dit « Le président a d’autres problèmes avec la baie des cochons. » On comprend que la menace soviétique est omniprésente dans les esprits. Lors d’une seconde réunion pour savoir s’il faut envoyer des astronautes en orbite alors que les vaisseaux ne sont pas encore exactement prêts, un des dirigeants affirme « Il faut que le monde libre mette un homme en orbite ou c’est fichu. » (2h13) Puis il va jusqu’à dire « Savez-vous ce que veulent vraiment les russes ? Ils veulent nous baiser la gueule sans bavure » (2h14), formule violente qui souligne la tension présente dans de ce contexte.
Les deux pays entrent dans une compétition féroce : c'est à celui qui sera le plus fort. On dépasse la notion idéologique ou politique, on ne comprend plus le motif exact des divergences entre les deux nations. L'objectif est d'établir à n'importe quel prix un nouveau record sans aucune considération pour la vie humaine. À la fin du film, lorsqu’un pilote, que l’on a suivi depuis le début de l’histoire, se crash avec son avion en battant un nouveau record, on lui dit qu'avec un peu de chance, cela sera dans les faits divers.
Les craintes de tomber sous le joug communiste sont aussi évoquées : un peu plus loin le même dirigeant va dire « Je n’ai pas l’intention de m’endormir sous une lune communiste. » (44min30). A 2h07 du film, le célèbre incident de la baie des cochons est mentionné de la manière suivante : le premier ministre dit « Le président a d’autres problèmes avec la baie des cochons. » On comprend que la menace soviétique est omniprésente dans les esprits. Lors d’une seconde réunion pour savoir s’il faut envoyer des astronautes en orbite alors que les vaisseaux ne sont pas encore exactement prêts, un des dirigeants affirme « Il faut que le monde libre mette un homme en orbite ou c’est fichu. » (2h13) Puis il va jusqu’à dire « Savez-vous ce que veulent vraiment les russes ? Ils veulent nous baiser la gueule sans bavure » (2h14), formule violente qui souligne la tension présente dans de ce contexte.
Les deux pays entrent dans une compétition féroce : c'est à celui qui sera le plus fort. On dépasse la notion idéologique ou politique, on ne comprend plus le motif exact des divergences entre les deux nations. L'objectif est d'établir à n'importe quel prix un nouveau record sans aucune considération pour la vie humaine. À la fin du film, lorsqu’un pilote, que l’on a suivi depuis le début de l’histoire, se crash avec son avion en battant un nouveau record, on lui dit qu'avec un peu de chance, cela sera dans les faits divers.
The Hunt for Red October (A la poursuite d’Octobre rouge) est aussi l’adaptation du
roman de Tom Clancy paru en 1984, le film étant sorti en 1990 réalisé par John
McTiernan. Ce qui est d’autant plus intéressant c’est que ce roman a été
inspiré de l’évènement du Storojevoï : les membres d’équipage du Storojevoï
essayent le 9 novembre 1975 de gagner Leningrad pour faire une nouvelle révolution communiste, ils sont alors
arrêtés par l’aviation russe et sont ramenés à leur point de départ, à Riga, où
ils sont jugés. Un important système de surveillance entre les Soviétiques et
les Américains s'est mis en place pendant la guerre froide, en particulier les
sous-marins qui étaient pistés dès leur sortie d'un port.
Octobre Rouge, titre du roman, raconte l’histoire du commandant d’un sous-marin de l’URSS qui a de nouvelles fonctionnalités top secrètes ; ce commandant tente de rejoindre les Etats-Unis à qui il envisage de livrer le sous-marin en échange de la possibilité de rester sur le territoire américain. Les Américains voyant une mise en marche de la flotte soviétique commencent aussi à préparer la leur. Cependant, Jack Ryan (Alec Baldwin), analyste à la CIA, devine ce que souhaite faire le commandant Marko Ramius (Sean Connery). Un des responsables américains décide de le croire et lui laisse alors 3 jours pour découvrir ce que le soviétique veut véritablement. Les Soviétiques indiquent alors aux Américains que Ramius est fou et qu'il envisage de détruire l’Amérique avec les missiles qu’il détient. Jack Ryan réussit à parler au commandant, ce qui permet ainsi aux Américains de récupérer discrètement le sous-marin et évite une escalade guerrière.
Dans un contexte de course à l'armement, ce film, sorti à la fin de la guerre froide, se permet une critique de la guerre et de ses conséquences. Le fait que Sean Connery, acteur emblématique, interprète un soviétique est un symbole fort, il fut l'interprète des James Bond qui combattait les soviétiques. Les Russes peuvent maintenant être représentés par un héros. Nous sommes en période de détente. Gorbatchev reçoit d'ailleurs cette même année, le prix Nobel de la paix. Chaque pays est ridiculisé quand il s'agit du gouvernement, l'armée américaine obtus et paranoïaque face au russe obséquieux et incompétent. Chaque nation a cependant des citoyens objectifs, audacieux et courageux.
Octobre Rouge, titre du roman, raconte l’histoire du commandant d’un sous-marin de l’URSS qui a de nouvelles fonctionnalités top secrètes ; ce commandant tente de rejoindre les Etats-Unis à qui il envisage de livrer le sous-marin en échange de la possibilité de rester sur le territoire américain. Les Américains voyant une mise en marche de la flotte soviétique commencent aussi à préparer la leur. Cependant, Jack Ryan (Alec Baldwin), analyste à la CIA, devine ce que souhaite faire le commandant Marko Ramius (Sean Connery). Un des responsables américains décide de le croire et lui laisse alors 3 jours pour découvrir ce que le soviétique veut véritablement. Les Soviétiques indiquent alors aux Américains que Ramius est fou et qu'il envisage de détruire l’Amérique avec les missiles qu’il détient. Jack Ryan réussit à parler au commandant, ce qui permet ainsi aux Américains de récupérer discrètement le sous-marin et évite une escalade guerrière.
Dans un contexte de course à l'armement, ce film, sorti à la fin de la guerre froide, se permet une critique de la guerre et de ses conséquences. Le fait que Sean Connery, acteur emblématique, interprète un soviétique est un symbole fort, il fut l'interprète des James Bond qui combattait les soviétiques. Les Russes peuvent maintenant être représentés par un héros. Nous sommes en période de détente. Gorbatchev reçoit d'ailleurs cette même année, le prix Nobel de la paix. Chaque pays est ridiculisé quand il s'agit du gouvernement, l'armée américaine obtus et paranoïaque face au russe obséquieux et incompétent. Chaque nation a cependant des citoyens objectifs, audacieux et courageux.
La Guerre du Vietnam a été très importante pour rendre compte de la
réalité. En effet, c'est l'exemple des guerres périphériques de la guerre
froide où les États-Unis et l'Union soviétique s'affrontent indirectement. La
guerre débute en 1959 et se termine 1975. Il y a plusieurs films réalisés après
cette période qui montre la guerre dans la réalité. Nous citerons comme films
de guerre les plus connus : Platoon de Oliver Stone, produit
en 1986, Apocalypse Now de Francis Ford Coppola en 1979 ou
encore Full Metal Jacket réalisé par Stanley Kubrick en 1987.
Ces films d'actions dénoncent par des scènes très violentes, les horreurs de la
guerre du Vietnam et remettent en question l'implication des Américains.
Prenons pour exemple Born on the Fourth of July (Né un quatre
Juillet) réalisé par Oliver Stone en 1989, tiré du roman autobiographique
de Ron Kovic.
Le personnage principal, Ron Kovic (interprété par Tom Cruise) s'engage très jeune dans les Marines pour aller combattre au Vietnam. Cependant au cours de cette bataille, il devient paraplégique. Il est par conséquent hospitalisé dans un établissement spécialisé pour les vétérans de guerre. Des images le hantent, comme cette scène où lui et son équipe fusillent par accident des familles. Il croit avoir tué dans un moment de panique un de ses équipiers. Ces événements le rendent presque fou longtemps après son retour chez lui. Ici, nous observons vraiment l'état mental des militaires qui ont été les témoins d'horreurs et de mort. L'année de son retour dans sa ville d'origine, il parade le 4 juillet, les bruit de pétards lui rappellent les bruits de fusils et l'atmosphère de la guerre. Lui-même en vient à manifester contre la guerre.
Cet homme est considéré comme anti-patriotique ce qu'il réfute en s'exclamant : " (...) Je n'ai pas de mots assez forts pour vous dire à quel point je suis écœuré par les responsables de notre gouvernement. La plupart des gens disent que si vous n'aimez pas l'Amérique, il faut la quitter. Je suis d'accord avec eux ! Mais moi j'aime l'Amérique, nous aimons tous l'Amérique ! Ce que nous n'aimons pas ce sont les dirigeants parce qu'ils sont corrompus. Ce sont tous des bandits et des criminels. Nous sommes venus leur dire que nous ne supportons plus les mensonges (...)" (O:48 minutes de la vidéo ci-dessous).
Ce discours reflète le sentiment des américains à cette époque. Ils ne ressentent pas cette guerre comme étant leur combat et ont l'impression d'être manipulés par les dirigeants politiques qui n'ont en tête que leurs intérêts et non celui du peuple.
Le personnage principal, Ron Kovic (interprété par Tom Cruise) s'engage très jeune dans les Marines pour aller combattre au Vietnam. Cependant au cours de cette bataille, il devient paraplégique. Il est par conséquent hospitalisé dans un établissement spécialisé pour les vétérans de guerre. Des images le hantent, comme cette scène où lui et son équipe fusillent par accident des familles. Il croit avoir tué dans un moment de panique un de ses équipiers. Ces événements le rendent presque fou longtemps après son retour chez lui. Ici, nous observons vraiment l'état mental des militaires qui ont été les témoins d'horreurs et de mort. L'année de son retour dans sa ville d'origine, il parade le 4 juillet, les bruit de pétards lui rappellent les bruits de fusils et l'atmosphère de la guerre. Lui-même en vient à manifester contre la guerre.
Cet homme est considéré comme anti-patriotique ce qu'il réfute en s'exclamant : " (...) Je n'ai pas de mots assez forts pour vous dire à quel point je suis écœuré par les responsables de notre gouvernement. La plupart des gens disent que si vous n'aimez pas l'Amérique, il faut la quitter. Je suis d'accord avec eux ! Mais moi j'aime l'Amérique, nous aimons tous l'Amérique ! Ce que nous n'aimons pas ce sont les dirigeants parce qu'ils sont corrompus. Ce sont tous des bandits et des criminels. Nous sommes venus leur dire que nous ne supportons plus les mensonges (...)" (O:48 minutes de la vidéo ci-dessous).
Ce discours reflète le sentiment des américains à cette époque. Ils ne ressentent pas cette guerre comme étant leur combat et ont l'impression d'être manipulés par les dirigeants politiques qui n'ont en tête que leurs intérêts et non celui du peuple.
Ainsi dans la plupart des films nous pouvons constater à la fois une méfiance à l’égard de leur propre gouvernement et armée ainsi que la méfiance envers le pays adverse et même parfois une méfiance vis à vis des alliés occidentaux. C’est donc cette méfiance qui constitue le point commun de ces œuvres, ce qui se traduit par un sentiment de trahison et une remise en cause de la politique menée par les pouvoirs publics et l'armée. C’est peut-être ce qui amènera la population à rechercher une véritable paix.