La création d'un film dépend généralement de son financement. L'aspect économique est donc très important dans l'industrie du cinéma. Il permet même l'esthétique du film. À cette époque il s'agit d'assainir les États-Unis. C'est pourquoi, l'HUAC (House of Un-American Activities Committe) développe un contrôle sur des secteurs comme l'enseignement et notamment Hollywood[1]. L’HUAC, créée en mai 1938, intervient dans la chasse aux communistes en même temps que le Maccarthysme. Ils investigueront sur les activités communistes.
En 1946, l’industrie cinématographique représente 0,5 % du PNB américain et emploie 0,5 % des salariés, pour un chiffre d’affaire environ à la trentième place. Cette année marque l’apogée du cinéma américain, cent millions de spectateurs se déplacent dans les salles chaque semaine[2].
Le cinéma américain s’organise selon une logique capitaliste, système économique fondé sur les capitaux financiers, l'entreprise privée et la liberté du marché, par conséquent indépendant de l'Etat. Quelques grandes compagnies dominent le marché du cinéma qu’on appelle les majors. Les principales sont MGM, Warner Brothers, Paramount Picture, Twentieth Century Fox et RKO. Elles contrôlent la production et la distribution de leurs films ainsi que l’exploitation dans les salles de cinéma. À l’entrée de la période de guerre froide, l’industrie cinématographique américaine sort de son âge d’or et connaît de profondes mutations. Notamment par la remise en question de ce monopole par le cinéma indépendant. En 1948, la cour suprême décide que le secteur d’exploitation doit être dissocié du secteur production/distribution. L’arrivée de la télévision continue de modifier profondément le secteur du cinéma. La fréquentation des salles diminue et la télévision devient un marché secondaire pour Hollywood[3].
Dès 1956, la télévision devient un média de masse. En 1947, 147 000 foyers ont un poste de télévision pour 32 millions de foyers en 1954 et 64,5 % des foyers américains ont la télévision en 1956. Au début des années 1950, les recettes des chaînes de télévisons sont encore peu significatives, elles passent de 0,5 million de dollars en 1946 à 106 millions quatre ans plus tard, avant d’atteindre 324 millions de dollars en 1952[4].
Tableau du nombre de films américains produits par décennie[5] :
On remarque par ce tableau qu’avec le développement de la télévision dans les années 1950/1960, le cinéma américain subit une baisse de production. Par exemple, en 1957 on constate plus d’un milliard de chiffre d’affaire contre environ 900 millions de recette en 1962. Cependant en 1968, il repasse au dessus du milliard et en 1975 au dessus des deux milliards. Cela correspond au développement des « blockbusters » ou « super productions » où on développe les films à gros budget.
Pendant la guerre froide, le cinéma hollywoodien travaille en étroite collaboration avec les institutions américaines : le Pentagone, le FBI ou la CIA. Le Pentagone fournit du matériel militaire en échange d’images sur l‘héroïsme américain. Le Pentagone est généralement remercié dans les génériques de films avec lesquels il a coopéré, cette collaboration a permis la production de films à gros budget qui ont eu un impact redoutable sur le public. Le reportage d'Emilio Pacull[6], « Opération Hollywood : la propagande du Pentagone » coproduit par Arte en 2004 explique comment se développe la coopération entre l'armée et les cinéastes. Si ceux-ci souhaitent obtenir l'aide de l'armée ils doivent d'abord leur soumettre leur scénario, en particulier les films de guerre dont la production est colossale.
L'armée transmet ainsi une bonne image d'elle-même, fait l'éloge de ses soldats et montre son invincibilité. Seront retirés des scénarios les sujets que le Pentagone ne veut pas voir abordés. Certaines coopérations n'ont pas pu se faire justement parce que l'image donnée de l'armée ne correspondait pas à ses attentes. La collaboration entre l'armée et les producteurs de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick en 1987 n'a pas été possible parce que l'on voit des marines tuer d'autres marines ; à l'inverse Top Gun, de Tony Scott en 1986, excellent film pour l'armée de l'air : totale coopération.
Le FBI et la CIA fournirent des listes de noms d’artistes américains suspectés d’avoir des liens avec le communisme. C’est ce que l’on a appelé la Liste noire. Les personnes suspectées n’étaient par conséquent plus embauchées.
Du côté soviétique sous Staline, le cinéma doit obéir à trois règles : le contrôle bureaucratique, l’obligation pour tous les films de suivre étroitement la ligne politique du moment et la définition technique et artistique par le Kremlin c’est-à-dire la prescription par les politiques. Dès 1921, la nouvelle économie politique (NEP) entraine l’apparition d’entreprises privées qui coexistent avec les structures d’état issues de la période révolutionnaire. Coopératives, studios d’Etat et compagnies se partagent alors le marché du cinéma soviétique. Au début des années soixante les quatre studios les plus importants sont LENFILM (Leningrad), MOSFILM, Les studios GORKI et ceux de KIEV.
Par exemple à la fin des années 1960, les studios LENFILM emploient plus 2 500 personnes dont 44 réalisateurs. On peut considérer que le cinéma soviétique se divise sur trois différentes périodes pendant la guerre froide. De 1955 à 1968, avec le dégel amorcé par Khrouchtchev, la production cinématographique commence à augmenter. 65 longs métrages en 1955, 80 en 1956, 150 par an en moyenne à la fin des années 1960. On assiste au succès du cinéma populaire, 20 000 écrans en 1965, 4,7 millions de spectateurs en 1970. De 1960 à 1980, près de 3 000 films ont été produits en Union soviétique. 4 500 salles de cinéma, 3 millions de spectateurs et 152 000 écrans de cinémas dans les collectivités.[7]
Le développement artistique est étroitement lié au développement politique en URSS. Le comité d’État à la cinématographie, responsable de la culture, fait du cinéma l’objet d’un contrôle permanent de la censure à l’interdiction totale. Environ 85 % des films prévus pour 1947 furent refusés par les autorités cinématographiques. Seuls 22 long-métrages sortiront cette année là. En 1951, 23 films[8] sortiront contre plus de 600 réalisés aux États-Unis[9]. À partir des années 1960 la production et le nombre de salles augmentent, de nouvelles écoles de cinéma et de nouveaux studios sont créés dans les républiques périphériques. Le festival international de Moscou est organisé tous les deux ans à partir de 1959.
Les productions soviétiques s’exportent peu, une enquête réalisée en 1954 auprès des téléspectateurs à la demande du CNC (Comité National du Cinéma français) montre que 82 % des personnes interrogées ne connaissent pas ou peu le cinéma soviétique.
[1] BOATTO Sébastien, Une histoire mondiale des cinémas de propagande,
[2] AUGROS Joël et KISTOPANIDOU Kira, L’Économie du Cinéma américain, 2009
[3] www.inaglobal.fr
[4] AUGROS Joël et KISTOPANIDOU Kira, L’Économie du Cinéma américain, 2009
[5] www.IMDb
[6] http://rustyjames.canalblog.com/archives/2013/04/06/26859628.html
[7]Valérie Pozner, Joël Chapron et François Albera, (28/12) http://www.kinoglaz.fr/histoire_cinema_russie_1917-1991.php
[8] LAURENT, Natacha, L‘Œil du Kremlin. Cinéma et censure en URSS sous Staline, Privat, 2000, consulté le 28/12
[9]Waynes Schmidt’s Data Box Office. Consulté le 28/12. Disponible sur http://www.waynesthisandthat.com/moviedata.html,
En 1946, l’industrie cinématographique représente 0,5 % du PNB américain et emploie 0,5 % des salariés, pour un chiffre d’affaire environ à la trentième place. Cette année marque l’apogée du cinéma américain, cent millions de spectateurs se déplacent dans les salles chaque semaine[2].
Le cinéma américain s’organise selon une logique capitaliste, système économique fondé sur les capitaux financiers, l'entreprise privée et la liberté du marché, par conséquent indépendant de l'Etat. Quelques grandes compagnies dominent le marché du cinéma qu’on appelle les majors. Les principales sont MGM, Warner Brothers, Paramount Picture, Twentieth Century Fox et RKO. Elles contrôlent la production et la distribution de leurs films ainsi que l’exploitation dans les salles de cinéma. À l’entrée de la période de guerre froide, l’industrie cinématographique américaine sort de son âge d’or et connaît de profondes mutations. Notamment par la remise en question de ce monopole par le cinéma indépendant. En 1948, la cour suprême décide que le secteur d’exploitation doit être dissocié du secteur production/distribution. L’arrivée de la télévision continue de modifier profondément le secteur du cinéma. La fréquentation des salles diminue et la télévision devient un marché secondaire pour Hollywood[3].
Dès 1956, la télévision devient un média de masse. En 1947, 147 000 foyers ont un poste de télévision pour 32 millions de foyers en 1954 et 64,5 % des foyers américains ont la télévision en 1956. Au début des années 1950, les recettes des chaînes de télévisons sont encore peu significatives, elles passent de 0,5 million de dollars en 1946 à 106 millions quatre ans plus tard, avant d’atteindre 324 millions de dollars en 1952[4].
Tableau du nombre de films américains produits par décennie[5] :
On remarque par ce tableau qu’avec le développement de la télévision dans les années 1950/1960, le cinéma américain subit une baisse de production. Par exemple, en 1957 on constate plus d’un milliard de chiffre d’affaire contre environ 900 millions de recette en 1962. Cependant en 1968, il repasse au dessus du milliard et en 1975 au dessus des deux milliards. Cela correspond au développement des « blockbusters » ou « super productions » où on développe les films à gros budget.
Pendant la guerre froide, le cinéma hollywoodien travaille en étroite collaboration avec les institutions américaines : le Pentagone, le FBI ou la CIA. Le Pentagone fournit du matériel militaire en échange d’images sur l‘héroïsme américain. Le Pentagone est généralement remercié dans les génériques de films avec lesquels il a coopéré, cette collaboration a permis la production de films à gros budget qui ont eu un impact redoutable sur le public. Le reportage d'Emilio Pacull[6], « Opération Hollywood : la propagande du Pentagone » coproduit par Arte en 2004 explique comment se développe la coopération entre l'armée et les cinéastes. Si ceux-ci souhaitent obtenir l'aide de l'armée ils doivent d'abord leur soumettre leur scénario, en particulier les films de guerre dont la production est colossale.
L'armée transmet ainsi une bonne image d'elle-même, fait l'éloge de ses soldats et montre son invincibilité. Seront retirés des scénarios les sujets que le Pentagone ne veut pas voir abordés. Certaines coopérations n'ont pas pu se faire justement parce que l'image donnée de l'armée ne correspondait pas à ses attentes. La collaboration entre l'armée et les producteurs de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick en 1987 n'a pas été possible parce que l'on voit des marines tuer d'autres marines ; à l'inverse Top Gun, de Tony Scott en 1986, excellent film pour l'armée de l'air : totale coopération.
Le FBI et la CIA fournirent des listes de noms d’artistes américains suspectés d’avoir des liens avec le communisme. C’est ce que l’on a appelé la Liste noire. Les personnes suspectées n’étaient par conséquent plus embauchées.
Du côté soviétique sous Staline, le cinéma doit obéir à trois règles : le contrôle bureaucratique, l’obligation pour tous les films de suivre étroitement la ligne politique du moment et la définition technique et artistique par le Kremlin c’est-à-dire la prescription par les politiques. Dès 1921, la nouvelle économie politique (NEP) entraine l’apparition d’entreprises privées qui coexistent avec les structures d’état issues de la période révolutionnaire. Coopératives, studios d’Etat et compagnies se partagent alors le marché du cinéma soviétique. Au début des années soixante les quatre studios les plus importants sont LENFILM (Leningrad), MOSFILM, Les studios GORKI et ceux de KIEV.
Par exemple à la fin des années 1960, les studios LENFILM emploient plus 2 500 personnes dont 44 réalisateurs. On peut considérer que le cinéma soviétique se divise sur trois différentes périodes pendant la guerre froide. De 1955 à 1968, avec le dégel amorcé par Khrouchtchev, la production cinématographique commence à augmenter. 65 longs métrages en 1955, 80 en 1956, 150 par an en moyenne à la fin des années 1960. On assiste au succès du cinéma populaire, 20 000 écrans en 1965, 4,7 millions de spectateurs en 1970. De 1960 à 1980, près de 3 000 films ont été produits en Union soviétique. 4 500 salles de cinéma, 3 millions de spectateurs et 152 000 écrans de cinémas dans les collectivités.[7]
Le développement artistique est étroitement lié au développement politique en URSS. Le comité d’État à la cinématographie, responsable de la culture, fait du cinéma l’objet d’un contrôle permanent de la censure à l’interdiction totale. Environ 85 % des films prévus pour 1947 furent refusés par les autorités cinématographiques. Seuls 22 long-métrages sortiront cette année là. En 1951, 23 films[8] sortiront contre plus de 600 réalisés aux États-Unis[9]. À partir des années 1960 la production et le nombre de salles augmentent, de nouvelles écoles de cinéma et de nouveaux studios sont créés dans les républiques périphériques. Le festival international de Moscou est organisé tous les deux ans à partir de 1959.
Les productions soviétiques s’exportent peu, une enquête réalisée en 1954 auprès des téléspectateurs à la demande du CNC (Comité National du Cinéma français) montre que 82 % des personnes interrogées ne connaissent pas ou peu le cinéma soviétique.
[1] BOATTO Sébastien, Une histoire mondiale des cinémas de propagande,
[2] AUGROS Joël et KISTOPANIDOU Kira, L’Économie du Cinéma américain, 2009
[3] www.inaglobal.fr
[4] AUGROS Joël et KISTOPANIDOU Kira, L’Économie du Cinéma américain, 2009
[5] www.IMDb
[6] http://rustyjames.canalblog.com/archives/2013/04/06/26859628.html
[7]Valérie Pozner, Joël Chapron et François Albera, (28/12) http://www.kinoglaz.fr/histoire_cinema_russie_1917-1991.php
[8] LAURENT, Natacha, L‘Œil du Kremlin. Cinéma et censure en URSS sous Staline, Privat, 2000, consulté le 28/12
[9]Waynes Schmidt’s Data Box Office. Consulté le 28/12. Disponible sur http://www.waynesthisandthat.com/moviedata.html,